Yann Chatelin alias Poze est un artiste peintre quia a grandi à Calais, calligraphe urbain spécialisé dans la réalisation d’œuvres de grandes dimensions. Il vit aujourd’hui à Casablanca. Ce spécialiste de la calligraphie arabe utilise des courbes, des accentuations et autant de traits qu’il a plaisir à explorer en pleins ou déliés. Le lettrage se retrouve otage de son dessin qui joue de leurs formes sans considérer leur sens : Il en fait un parfait vecteur d’expression.
Il décrit sa fresque avec ce grand texte (quoi de mieux !):
« Il y a 2 lectures à envisager pour cette fresque:
- La première est celle qui constitue le fil directeur de mon travail depuis environ 3 ans.
Il s'agit de prendre en compte le fait que l'écriture manuscrite disparaît doucement du paysage contemporain. Avec elle se dissipe également notre capacité à mémoriser, s'orienter, développer une idée. On parle donc de perte de puissance des facultés humaines voir même de dévitalisation de l'homme (cf Alain Damasio."Très humain plutôt que transhumain"). Cela témoigne d'une transformation sociétale où l'homme s'en remet toujours plus à la machine. L'écriture, miroir de la personnalité se standardise en passant par les claviers et s'entame ainsi une perte de singularité en tant qu'individu.
Sur le mur, l'illustration de ce constat passe par une dégradation volontaire des personnages (coulures, éclaboussures, effet de glitch) qui annonce les prémices de la disparition de l'homme. La dernière étape de création est la superposition de lettres par dessus les personnages. Celles-ci sont très soignées et d'une couleur qui interpelle pour en accentuer l'importance.
Ces lettres font partie d'un alphabet que j'ai créé et qui continue d'évoluer au fil du temps. Il s'inspire des courbes et ponctuations du Sanskrit et de l'Arabe et se base sur la structure des lettres latines. Il est donc envisageable de décoder ces lettres. Ceci dit, le fait qu'elles représentent une écriture universelle ( ou symbole de l'écriture) me semble plus important que le contenu du mot ou message inscrit.
- La deuxième lecture de l'oeuvre s'attache aux modèles humains choisis.
Il s'agit ici d'une photo prise par Alexandre Dupeyron au sud du Tchad. ( Alex est un ami proche et je suis fasciné par son travail). Ce sont 2 jeunes filles qui ont fui la république centrafricaine avec leur famille et qui venaient d'obtenir l'asile politique au Tchad. C'était donc un moment de paix synonyme de nouveau départ. Cela permet éventuellement d'aborder la notion de migration des peuples à laquelle nous sommes et seront confronté dans de plus grandes proportions ces prochaines années » (clichés Avril 2022).
Localisation : Rue du 19 Mars 1962, Grenoble (Dépt 38 – Isère)
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Intérêt : 5/5
Date de réalisation : Oct 2020
Réalisation : Poze
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Lionel Gripon et Alain Sangouard - Déc
2003
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